Belgique : en faillite, l’entreprise abandonne ses déchets nucléaires

Mis en ligne le 14 août 2012 à 15h26, mis à jour le 14 août 2012 à 15h28

Une société belge de production de matériel médical, placée sous administration judiciaire, a abandonné dans ses locaux plusieurs mètres cubes de déchets radioactifs. Un nouveau scandale qui intervient quelques jours à peine après des inquiétudes pour une centrale nucléaire proche d’Anvers.

La découverte date d’il y a presque un mois. Mais elle vient tout juste d’être rendue publique par les autorités belges. Une semaine – hasard malheureux du calendrier – après des suspicions de fissures dans un réacteur nucléaire du pays… Cette fois encore, il s’agit d’un problème nucléaire. De déchets contaminés, pour être plus précis. Abandonnés discrètement par une société belge de production de matériel médical, qui a fait faillite en mai et été placée sous administration judiciaire : Best Medical Belgium (BMB), filiale d’un groupe américain située à Fleurus, près de Charleroi.
 
C’est le 17 juillet dernier que l’Institut belge des radioéléments (IRE), propriétaire des locaux loués par Best Medical, a inspecté ceux-ci en compagnie de spécialistes de l’Organisme national des déchets radioactifs (Ondraf) et de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN). Dans un fatras indescriptible, les inspecteurs devaient découvrir notamment 7 m3 de sacs en plastique et une quinzaine de fûts contenant du strontium 90. De quoi hérisser les cheveux de tout médecin ou de tout spécialiste de l’environnement qui se respecte.
 

« Il n’y a pas de danger pour le voisinage »
 

Les quotidiens Le Soir et De Standaard viennent de publier la lettre de mise en demeure adressée aux administrateurs judiciaires par le directeur de l’IRE, Jean-Michel Vanderhofstadt. Il y dresse un bilan édifiant de l’état de l’entreprise. « Nous avons constaté en maints endroits non seulement un état général de délabrement des installations et équipements, mais aussi, dans un désordre indescriptible, un amas non seulement de pièces, caisses, classeurs, papiers, outils, tuyaux, câbles électriques, bouteilles de solvants, quincaillerie… mais aussi de déchets radioactifs constituant, pour la plupart d’entre eux, des matériaux combustibles », écrit le patron de l’IRE. La situation décrite constitue un « risque pour la sûreté des autres installations nucléaires du site et par voie de conséquence sur l’environnement et la population avoisinante », poursuit-il.
 
Du côté de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire, on relativise le risque tout en insistant sur la nécessité de mesures urgentes : « Il n’y a pas de danger pour le voisinage » mais il faut « intervenir rapidement », a déclaré le patron de l’AFCN, Willy De Roovere. La ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet, a qualifié pour sa part d' »inacceptable » la situation et expliqué avoir ordonné à l’Ondraf de traiter ces déchets le plus vite possible. L’Ondraf, qui a déjà placé les lots les plus préoccupants dans des conteneurs, a précisé que le traitement des déchets et l’assainissement du site débuteraient à la mi-septembre et que ces travaux pourraient prendre « de 5 à 7 ans ».
 
Ce nouveau scandale intervient alors que la question de la sûreté des installations nucléaires a refait surface en Belgique la semaine dernière avec l’annonce de la découverte de « possibles fissures » sur la cuve du réacteur nucléaire de Doel 3, près d’Anvers. Ce réacteur, à l’arrêt depuis début juin, ne devrait pas être relancé avant fin septembre, a indiqué mardi son exploitant Electrabel.

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