La révolte contre les projets miniers prend de l’ampleur au Pérou

 « Agua, si ! Oro, No ! » (« L’eau, oui ! L’or, non ! »). Le slogan a de nouveau résonné dans la région de Cajamarca, au nord du Pérou, où, jeudi 31 mai, plusieurs milliers de personnes se sont réunies dans les villes de Bambamarca, Celendin et Cajamarca, pour réaffirmer leur opposition au projet de mine d’or et de cuivre Conga, qui, selon eux, met en danger les ressources hydriques de la région. Le comité de lutte, soutenu par de nombreuses organisations civiques du reste du pays, a appelé à une grève illimitée. « Le mouvement ne s’arrêtera pas jusqu’à ce que le projet soit annulé », avertit Marco Arana, un membre du parti écologiste Terre et liberté, qui s’est imposé au fil des mois comme l’un des porte-parole des « anti-Conga ».

Cette mobilisation marque la reprise d’un conflit qui a débuté en novembre 2011. Inquiets pour l’eau de leurs communes, les agriculteurs ont été les premiers à attirer l’attention contre cet immense projet d’exploitation à ciel ouvert, à plus de 4 000 mètres d’altitude. Porté par la compagnie Yanacocha, détenue en majorité par l’américain Newmont, le projet minier, qui représente un investissement de 4,8 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros), prévoit en effet d’assécher quatre lagunes.

Les manifestations en faveur de la sauvegarde des lagunes ont pris rapidement de l’ampleur, finissant par obliger Yanacocha à suspendre le projet en décembre. Une demi-victoire pour les protestataires qui réclament son abandon définitif.

 

VIOLENTS AFFRONTEMENTS ENTRE LA POLICE ET LES MANIFESTANTS

En avril 2012, une expertise internationale commandée par le gouvernement a conclu que le projet réunissait « toutes les conditions techniques exigées pour son approbation ». Le rapport précise toutefois que de nombreuses améliorations devraient être apportées pour réduire les impacts environnementaux.

Pour le gouvernement, le projet Conga peut donc être mené à bien si ces modifications sont faites. Mais Yanacocha ne s’est toujours pas prononcée sur ces nouvelles obligations. « Cette expertise a été faite pour permettre au gouvernement de justifier le projet minier », juge Marco Arana qui, comme le reste des manifestants, persiste à exiger l’annulation du projet.
Le Monde : publié le 24 août 2012 à 14:03

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