L’exposition aux pesticides réduirait les capacités cognitives

Source : Le Monde, publié le 31 mai 2012 à 15:55

Une exposition prolongée aux pesticides pourrait réduire les capacités cognitives. Telle est la conclusion qui ressort de l’étude Phytoner dont les résultats les plus récents ont été présentés à Paris, mercredi 30 mai, par Isabelle Baldi (médecin épidémiologiste et maître de conférences à l’université Bordeaux Segalen) lors des rencontres scientifiques de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Le suivi, pendant au moins douze ans, de personnes travaillant dans le secteur viticole en Gironde a en effet mis en évidence « une détérioration notable » aux tests neurocomportementaux pour 50 % des sujets interrogés.

Destinée à évaluer les effets d’une exposition professionnelle aux pesticides en l’occurrence majoritairement des fongicides chez les ouvriers viticoles girondins , l’étude Phytoner a été lancée en 1997. Soutenue financièrement par l’Anses, elle a porté sur un millier de participants âgés de 42 à 57 ans. Parmi eux, 784 ouvriers étaient directement ou indirectement exposés aux pesticides, le reste non exposé professionnellement servait de comparaison.

Isabelle Baldi et ses collègues ont utilisé des outils de mesure de l’exposition aux pesticides qu’ils avaient spécifiquement développés et des tests neuropsychologiques. Les personnes exposées présentaient des performances altérées aux tests neurocomportementaux par rapport aux sujets modèles. Les altérations touchaient « les fonctions les plus fines de la cognition, qui permettent au cerveau de gérer les liens entre les informations entrantes et sortantes : attention, conceptualisation et attention contrôlée… « , précisent Mme Baldi et ses collègues. Les principaux facteurs susceptibles de biaiser les résultats (âge, sexe, niveau d’études, consommation d’alcool, dépression…) avaient été soigneusement pris en compte.

 

AGGRAVATION DES TROUBLES

Quatre ans plus tard, un nouveau bilan réalisé de manière identique a été dressé avec 630 des participants encore disponibles. Les résultats concordaient avec les conclusions initiales, laissant apparaître que les troubles s’aggravaient lors de cet intervalle. « Les personnes exposées aux pesticides présentaient des performances moindres à l’ensemble des tests, et le risque de présenter une dégradation importante de faire partie des 25 % de sujets ayant montré la plus forte baisse des performances était, là encore, plus marqué pour les participants exposés », remarquent les chercheurs.

 

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