Compte-rendu du café écolo du 7 juin : Pour une vision politique globale de la santé…

L’animateur du « Café écolo » organisé sur la thématique d’une nouvelle vision de la santé publique nous a notamment invités à remettre en question nos a priori sur la Sécurité Sociale, au moment même où notre système de protection sociale est remis en question, à droite, comme au PS, par nos gouvernants.

Il n’était pas question de contester les fondements solidaires sur lesquels reposait notre système de protection sociale, au moment où il a été mis en place, sous l’impulsion du Conseil National de la Résistance, juste après la seconde guerre mondiale, et qui s’exprime au travers de la formule lapidaire suivante : « Chacun cotise suivant ses moyens et reçoit selon ses besoins ».

Il était cependant important de prendre conscience des attaques externes et des dérives internes, toutes liées à l’avidité financière des marchés, qui contribuent à détruire – à court terme – la sécurité sociale des origines :

–         Les attaques externes : Assez bien identifiées aujourd’hui, il s’agit de l’offensive menée par les marchés financiers – avec la pleine et entière complicité des gouvernants de droite comme du PS, dont les couteuses campagnes sont en grande partie financées par ce mêmes marchés (on ne mord pas la main qui nous nourrit) qui convoitent depuis des années, les milliards de la protection sociale qui échappent encore à la spéculation (qui est l’art de s’enrichir personnellement avec l’argent des autres). Or, moins les prestations sont bien remboursées, plus il est nécessaire de cotiser auprès des assurances privées qui, elles, savent restituer cette nouvelle manne financière au sein du grand courant spéculatif piloté par les marchés.

–         Les dérives internes : Moins bien identifiées car plus insidieuses, il s’agit de normaliser à l’excès les pratiques de soins, afin de préserver les considérables profits de l’industrie pharmaceutique française. Ainsi, la Sécurité Sociale rembourse des médicaments sont les prix – souvent très élevés – sont fixés, de manière directe ou indirecte (lobbies et conflits d’intérêts), par les laboratoires eux-mêmes. Au moment où beaucoup d’études dénoncent l’inutilité – voire la nocivité – de nombreux médicaments, non seulement la Sécurité Sociale ne reconnaît pas aux cotisants la liberté de choisir l’approche thérapeutique qu’ils souhaitent, mais les gouvernements successifs qui soutiennent sans condition l’industrie du médicament, stigmatise les citoyens qui sortiraient de la pensée médicale unique, en les accusant de « dérive sectaire ».

En faisant rentrer les « dissidents » de force dans le rang, par des mesures coercitives et en ne remboursant qu’une seule forme de médecine, les pouvoirs publics soutiennent ainsi les considérables bénéfices des laboratoires pharmaceutiques… car on sait une chose, quand on est un personnage politique qui rend de bons et loyaux service, c’est que des postes lucratifs l’attendent dans les plus grandes entreprises, lorsque son mandat cesse : il est donc prudent de prévoir l’avenir… Ce n’est plus de la protection sociale, mais de la protection des intérêts privés !

Plus grave encore, les praticiens conventionnés sont eux-mêmes contraints, par le système mis en place, de proposer à leurs patients des soins pré-formatés par la Sécurité Sociale, bloquant ainsi toute créativité et, donc, toute possibilité d’évolution des pratiques professionnelles. Non seulement cette dictature des normes freine les progrès de la médecine, mais elle conduit certains praticiens conventionnés à continuer de proposer des modes de soins qui heurtent leur éthique professionnelle (comme la perpétuation, par exemple, de l’usage du mercure en France dans les plombages dentaires, alors que d’autres pays sont déjà passés aux résines non toxiques).

On peut en conclure que la Sécurité Sociale n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle a été créée pour aider les citoyens, mais elle est devenue un instrument de profit pour l’industrie pharmaceutique (qui reçoit d’elle les milliards de nos cotisations). En ayant contribué à sa progressive dénaturation en cédant aux lobbies des laboratoires, nos gouvernants vont très bientôt mettre en œuvre une « modernisation » de notre Système de protection sociale. On sait ce que cela veut dire : il faudra passer par la case « privatisation » – voulue d’ailleurs aussi par une Europe néolibérale – de la médecine de ville, qui sera progressivement déléguée aux assurances privées, la prestation sociale publique ne se limitant plus, au mieux, qu’à la CMU et aux soins hospitaliers…

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