Trop de fuites dans les réseaux d’eau potable
Publié le 06/07/2011 à 20:51 Réactions (2)
Il faudrait investir 1,5 milliard d’euros par an pour réduire les pertes 1 litre sur 4 dans les réseaux d’eau potable, estime le syndicat des fabricants de canalisations.
Les fabricants de réseaux d’eau potable font monter la pression alors que le ministère de l’Écologie passe en revue la qualité de ces installations dans l’Hexagone. «Entre les fuites et les ruptures, l’état des canalisations en France est catastrophique. Et au rythme actuel des investissements, soit 5 041 kilomètres par an, il faut 170 ans pour remplacer l’ensemble des tuyaux (906.000 kilomètres)», assène le syndicat des fabricants de réseaux, les Canalisateurs de France. La moitié du réseau d’eau potable est antérieure à 1972 avec beaucoup de tuyaux en fonte grise ou en acier, des matières qui favorisent les fuites, explique le syndicat professionnel.
Les pertes, 120 litres par abonné et par jour en France, sont particulièrement décriées en cette période de sécheresse. Elles sont au cœur du décret que prépare la ministre de l’Écologie et du développement durable. Dans le cadre de l’application de la loi Grenelle 2, qui prévoit un inventaire détaillé des réseaux des communes d’ici à fin 2013, Nathalie Kosciusko-Morizet s’apprête à fixer des seuils en matière de perte d’eau. Mercredi, les collectivités gérées par Veolia affiche un taux de perte de 17 % ; les clients de Suez de 10 % et les régies publiques sont à la traîne avec 22 % de fuite. Les futurs objectifs seront adaptés à chaque type de réseau, zone rurale ou urbaine, etc. précise-t-on au ministère.
Une réhabilitation des tuyaux qui coûte cher.
Le coût de la réhabilitation des canalisations est très variable. Tout dépend de la configuration du terrain, des vibrations éventuelles etc. bien plus que de l’âge des tuyaux, souligne Marc Reneaume, directeur général adjoint de Veolia Eau. Ainsi, Suez et Veolia, qui géraient conjointement l’approvisionnement en eau potable de la ville de Paris jusqu’à son passage en régie il y a un an et demi, avaient fait progresser le rendement du réseau à 97 % (3 % seulement de fuite). Une performance largement facilitée par l’organisation du réseau parisien en galeries – plus accessibles -, ce qui rend les rénovations beaucoup moins coûteuses et contraignantes pour les riverains que les réseaux enterrés.
La réhabilitation des tuyaux risque, à l’inverse, d’être très lourde pour les communes rurales qui alignent des kilomètres de réseaux ou celles qui affichent des taux de pertes supérieurs à 40 %. André Flajolet, député et président du Comité national de l’eau (qui réunit les opérateurs publics et privés et les utilisateurs), demande donc que le coût de la rénovation des réseaux – «au moins 1,5 milliard d’euros par an» -, soit financé par les consommateurs et par tous les contribuables. Une charge qui serait compensée par les économies liées à la baisse des fuites, estime-t-il. Reste qu’en France, le rendement moyen des réseaux est «correct», relativise Marc Reneaume en rappelant que le renouvellement d’un km de réseau coûte en moyenne 150.000 euros, soit 150 fois plus que la réparation d’une fuite.