Centrales nucléaires : ces fissures qui inquiètent…
Mis en ligne par Denis Baupin, le 17 août 2012 à 16h09, mis à jour le 17 août 2012 à 16h20
Des fissures découvertes sur un réacteur belge ont conduit à son arrêt, puis à une réunion des agences de contrôle nucléaire de plusieurs pays. Et à des interrogations sur des incidents similaires détectés en France. Denis Baupin pose la question : les réacteurs français sont-ils plus sûrs ?
Denis Baupin, vice-président (EELV) de l’Assemblée nationale, s’est demandé vendredi si les cuves des réacteurs français « sont vraiment plus sûres que celle de Doel 3 », un réacteur d’une centrale située dans le nord de la Belgique, mis à l’arrêt à la suite des déclarations de l’autorité de sûreté nucléaire belge. Cet incident a d’ores et déjà conduit à une réunion des représentants des agences de contrôle nucléaire de plusieurs pays jeudi à Bruxelles.
A l’issue de la réunion, le directeur de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire belge (AFCN), Willy de Roovere, a indiqué que « 8000 possibles fissures » avaient été détectées sur le réacteur belge. Il s’est déclaré sceptique sur la relance éventuelle du réacteur fin septembre, comme le prévoit son exploitant Electrabel, filiale de GDF Suez. Ces fissures, a-t-il précisé, sont parallèles à la paroi de la cuve. D’autres fissures similaires avaient déjà été découvertes dans la centrale française du Tricastin en 2004. Similaires ? En fait, pas tout à fait : au Tricastin, elles étaient « perpendiculaires à la surface ». Or, selon Willy de Roovere, ce sont précisément « celles qui sont dangereuses ».
Des fissures plus ou moins dangereuses ?
Cette déclaration a aussitôt poussé Denis Baupin à exprimer ses inquiétudes. « Les cuves les plus fragilisées seraient les cuves des réacteurs français, en particulier celui du Tricastin », a relevé le vice-président de l’Assemblée, qui avait déjà posé une question écrite sur la sûreté des cuves des réacteurs la semaine dernière à la ministre de l’Ecologie, Delphine Batho. A l’aune des déclarations de Willy de Roovere , « la question mérite donc d’être reposée aux autorités françaises : existe-t-il deux conceptions différentes de la sûreté nucléaire, que l’on soit d’un côté ou de l’autre de la frontière franco-belge ? », s’est interrogé l’élu dans un communiqué. « Les défauts constatés sur les cuves des réacteurs français sont-ils plus préoccupants que ceux constatés sur les cuves des réacteurs belges, comme semble l’estimer Willy de Roovere ? Quelles conséquences entend-on tirer de ce côté-ci de la frontière? ».
Jeudi, avant même la réunion de Bruxelles, Greenpeace avait fait mention dans une note d’information des fissures que présentent les cuves des réacteurs français, et s’était étonnée de la « différence d’approche entre les régulateurs français et belge ». L’association reprochait notamment à l’Autorité de sûreté nucléaire d’être « clémente sur les fissures constatées sur le parc nucléaire français en estimant que ces ‘micro-fissures’, dont la plus grande fait une dizaine de mm, ne sont pas nocives, sans explications supplémentaires ».
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