Pollution du Centre d’enfouissement technique de l’Aiguillon : synthèse de l’étude de l’impact de la décharge de l’Aiguillon sur les eaux souterraines environnantes et sur l’eau brute de l’étang des Gâtineaux…
Les premières plaintes des riverains, en raison des odeurs, remontent à 2004. Mais les inquiétudes sont plus graves. Depuis 2005, devant les risques de pollutions par le sol et par les eaux souterraines, le collectif et plusieurs associations ont demandé une recherche par traçeur, afin d’étudier les trajets et les débits des polluants. De guerre lasse, en 2009, les riverains ont pris l’initiative d’introduire un traçeur (fluorescéine) dans leurs poubelles, qui ont été ramassées et stockées dans le CET. La fluorescéine a été retrouvé à l’extérieur du site, jusqu’à 2 km. En 2010, l’association des riverains a transmis au préfet un dossier présentant les défaillances du site au regard de la loi (fossés « internes » se dirigeant vers les champs, fuites polluantes à l’extérieur du site, digues non conformes et en mauvais état, site mal sécurisé, ruissellement constant et parfois abondant, même en absence de pluie, etc.). En février 2011, le préfet écrit à la Communauté de Communes de Pornic pour demander la mise en place d’un protocole de traçage et la réalisation de travaux de mise en conformité…
A ce jour, les travaux de mise en conformité n’ont été que partiellement réalisés, mais la mise en œuvre du protocole de traçage tarde… comme si la Communauté de Commune traînait des pieds. Il s’agit pourtant d’un problème de santé publique, puisqu’il est fort possible que l’étang des Gâtineaux, qui alimente le Pays de Retz en eau potable, soit pollué par ces fuites !!! Pourquoi tant de tergiversations et d’hésitations de la part du Président de la Communauté de Commune qui, en raison de sa formation initiale, devrait parfaitement comprendre l’urgence de lever une telle suspicion, surtout après l’étude complémentaire réalisée par Bretagne Vivante. Pourtant, il préfère attendre : « Je n’ai pour l’instant rien reçu, affirme-t-il. Une fois que nous aurons eu l’étude, je demanderai à un spécialiste de l’analyser ». Quel enthousiasme !
En effet, en mai 2012, à la demande du Collectif des Riverains de la décharge de l’Aiguillon, Bretagne Vivante a examiné scientifiquement les analyses officielles de surveillance de la décharge.
L’étude effectuée a consisté à comparer les analyses, aval et amont, de l’eau des piézomètres de surveillance réglementaire de la décharge, de 2004 à 2010. Les piézomètres, qui sont de petits puits, sont les appareils officiels de surveillance de l’impact de la décharge sur les eaux souterraines. La comparaison de l’eau des piézomètres, aval et amont, permet très facilement de différencier les polluants émis par la décharge dans l’environnement, des polluants extérieurs à la décharge.
L’étude réalisée pour Bretagne Vivante et le Collectif des Riverains, par Jean-Pierre Rivron (ingénieur de l’Ecole Centrale de Nantes, ancien responsable de l’Environnement d’EDF pour les centrales thermiques à flamme), confirme que la décharge n’est pas étanche, qu’elle fuit significativement et pollue donc notablement les eaux souterraines et les sols environnants.
L’analyse des piézomètres montre que les eaux en aval de la décharge sont 1,5 à 10 fois plus chargées en métaux. Elles sont 1,5 à 3 fois plus chargées en métaux toxiques (Cu, Zn, Pb, Cr, Cd, Hg) qu’en amont. On peut donc considérer que l’eau souterraine en aval de la décharge est, du fait des métaux toxiques, au moins 2 à 3 fois plus toxique que l’eau souterraine en amont de la décharge.
La conductivité est un autre paramètre, mesurée réglementairement, qui confirme que l’eau souterraine en aval est polluée par les sels conducteurs émis par la décharge. En effet, en aval, la conductivité est multipliée au moins par 1,4 à 2 par rapport à l’amont, preuve que la décharge fuit.
Enfin, les teneurs en polluants externes à la décharge (nitrates, phosphates, entérocoques, Escherichia) baissent en traversant la décharge ce qui indique aussi que la décharge fuit en apportant, aux eaux souterraines, des eaux qui diluent et diminuent la part des polluants extérieurs à la décharge.
L’étude montre aussi que les sulfates sont, parmi les polluants émis par la décharge, les plus importants quantitativement. Les sulfates sont donc les éléments les plus facilement détectables de la pollution émise par le site ; ce sont les « traceurs » de la pollution engendrée par la décharge de l’Aiguillon.
L’étude d’impact de la décharge effectuée par le BRGM, en 1978, précise que les eaux de la décharge ruissellent vers la retenue des Gâtineaux, ce que confirment plusieurs rapports de la Police municipale des Eaux de Saint-Michel-Chef-Chef, au début des années 2000. Ces renseignements officiels ont conduit à examiner la réalité de l’impact des fuites polluantes de la décharge de l’Aiguillon sur la qualité de l’eau brute de l’étang des Gâtineaux. Pour étudier cet impact, Bretagne Vivante a consulté les analyses officielles de l’ARS (Agence Régionale de Santé) des Pays de Loire. Une comparaison a été effectuée entre la plus ancienne période disponible 1985-1989 et la période la plus récente 2006-2010. L’étude démontre que les teneurs en métaux toxiques dans l’étang des Gâtineaux ont été multipliées par 1,2 à 1,3 entre ces deux périodes, ce qui correspond à une augmentation de toxicité de 20 à 35% depuis 1985 !
Cette étude étant scientifique et technique, elle est donc soumise à l’avis de tous les scientifiques qui sont en responsabilité, ou concernés par ce sujet. Tous les détails sont directement accessibles sur le site suivant :
http://poubelledepornic.jimdo.com/diaporamas-explicatifs/
Nous avons, ici encore, l’exemple d’une association qui s’est créée dans le seul but de constituer un « contre pouvoir », face à une collectivité qui persiste à faire la sourde oreille lorsque ses administrés l’interpellent. Nul doute que les membres de cette association auraient souhaité consacrer leur énergie à des activités plus « ludiques », s’ils avaient été sérieusement entendus lorsqu’ils se sont exprimés dès 2004.